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vendredi 26 mai 2017

On change de port : 2eme jour d'Alfortville à La Frette sur Seine




Pour cette seconde journée de navigation, nous avions décidé de nous lever plus tôt afin de bénéficier de quelques heures de navigation "à la fraiche".
La journée d'hier avait été chaude, mais celle d'aujourd'hui promettait de l'être encore plus. 
Et puis, nous voulions faire un maximum de kilomètres aujourd'hui afin de nous rapprocher au maximum de notre destination.

Après la vérifications des niveaux, le moteur était démarré à 7h. Nous étions au PK160, en vue de l'écluse du port-à-l'Anglais, et, du coup, j'ai pris contact avec l'éclusier avant de larguer les amarres. 




A ma grande surprise, il n'y avait aucun commerce ce matin alors que nous en avons croisé hier, qui était un jour férié.
Du coup, nous étions les premiers à entrer dans l'écluse et à 7h55, nous en étions sortis.
Paris nous tendait les bras ! Nous arrivions en effet, peu après, à la jonction entre la Seine et la Marne, avec le grand bâtiment asiatique Chinagora sur la rive droite.




Paris, pour les bateaux avalants, c'est aussi l'alternat : un système de feux qui permet d'alterner la circulation entre bateaux montant et avalant dans le petit bras de l'ile de la Cité. Il y a donc des créneaux imposés : les avalants doivent se présenter entre H+35 et H+50 pour pouvoir franchir ce bras.






De là, la nécessité de calculer sa vitesse pour ne pas rester trop longtemps en stand-by devant le feu rouge !

Comme il n'y avait pas eu d'attente à l'écluse, nous étions en avance, et mon calcul de route était faussé. Il a fallu que je ralentisse ma navigation pour diluer cette avance. 


Nous avons doublé, à l'entrée de Paris, deux randonneurs en kayak. 




Comme le narrowboat allait à une petite allure, ils ont pu rester dans notre sillage et nous suivre jusqu'au niveau de Bercy.

Arrivé là, à 9h00,  je suis resté en stationnaire en attendant le feu vert de l'alternat. Il y avait un vent d'est et des rafales déplaisantes qui faisaient que j'avais des difficultés à garder le narrowboat à sa place.
Nos deux kayakistes ont poursuivi leur route vers l'ile de la Cité, mais ils n'ont pas été très loin : un zodiac de la police fluviale n'a pas tardé à quitter son ponton et à intercepter nos deux randonneurs, détectés par le système de surveillance de la Seine par caméra vidéo.



Après quelques minutes de discussions et de vérifications, le zodiac est venu vers notre bateau avec les deux kayaks et les policiers m'ont demandé si je pouvais embarquer les randonneurs car ils ne pouvaient pas traverser Paris à la pagaie... Ok, c'est parti. Nous voilà avec des passagers !
Enfin, pas encore, car tandis que le zodiac des policiers regagne son ponton, je tente toujours de maintenir le narrowboat en place. Comme les randonneurs n'ont pas de cordes, nous leur donnons deux amarres pour qu'ils puissent attacher leur kayak à l'arrière du bateau et là, catastrophe !
Un bout d'amarre laissé dans l'eau, s'enroule autour de l'hélice qui était restée en prise pour maintenir le bateau à sa place. 
Je coupe le moteur et, forcément, le bateau est poussé par le vent contre la rive. Au dernier moment, j'arrive à donner une amarre à un employé d'un bateau-restaurant, ce qui me laisse un peu de répit de ce côté-là. Le temps de déplaquer le compartiment moteur, de dévisser la trappe de visite au dessus de l'hélice, je n'avais plus qu'à prendre un couteau bien tranchant pour tenter d'enlever les longs morceaux d'amarres enroulés et serrés autour de l'hélice.
Heureusement, cette partie s'est bien passée !
Le temps de tout remettre de place, de donner une nouvelle amarre, d'accrocher les deux kayaks sur les flancs du narrowboat...





... et d'accueillir à bord Suzanne et Loïc, j'avais juste le temps de relancer le moteur, de me détacher du bateau-restaurant et de monter dans les tours pour pouvoir franchir l'alternat avant les 9h50 fatidiques. Ce fut très juste, mais nous y sommes parvenus !

Après ces émotions, la traversée de Paris a été presque calme : il y avait peu de bateaux-mouches à cette heure matinale, presque pas de bateaux de commerce et nous avons donc tranquillement slalomé dans les différents bras de l'Ile de la cité. 







Après l'Ile, nous avons pu admirer les différents monuments ou bâtiments se trouvant sur les bords de Seine, même si certains, comme la statue de la Liberté, n'étaient pas dans le bon sens pour nous. Nos kayakistes ne semblant pas connaitre les lieux, je leur détaillais ceux que je connaissais : Bastille, l'Arsenal, Notre Dame, le palais de justice avec la conciergerie, etc.












Les kilomètres s'accumulent dans la capitale tandis que l'activité sur la Seine se réveille : à la sortie, nous commençons à croiser quelques bateaux à passagers qui nous font de belles vagues en quittant le poste ou en changeant de rive. Il y a également de plus en plus de bateaux de commerce dont certains sont réellement énormes.
















Les derniers ponts de Paris se retrouvent derrière nous et nous voici à Boulogne-Billancourt. Le moment de nous séparer de nos kayakistes s'approche. En effet, les policiers m'ont demandé de les laisser après le pont du périphérique, près du PK09.
Pendant cette navigation en commun, nous avons donc fait connaissance de ces jeunes gens qui se révèlent être un couple : Suzanne et Loïc. Ils ont décidé de se lancer dans une aventure : descendre la Seine de Paris au Havre en une douzaine de jours, à raison de 40 à 50 km par jours. Je les trouvais bien optimiste, tant en terme de distance journalière que de passage des écluses :)

Comme convenu, à partir du PK09, nous avons commencé à chercher une zone où les déposer en sécurité. C'est derrière l'Ile Seguin, à 11h40, au PK11,5, que nous avons pu nous amarrer le long d'un ponton, réservé à un club de kayak justement. A peine stationnés, le gardien est venu nous demander de ne pas rester là. Après quelques explications, il a accepté que nous restions le temps de remettre nos deux kayakistes en selle... enfin, dans le kayak.

Cela ne s'est pas fait sans mal, d'ailleurs ! Non, sur le plan sécurité tout s'est bien passé. Simplement, dans un premier temps, ils ont manqué d'oublier leurs pagaies sur le toit du narrowboat et au moment où nous commencions à nous éloigner, Suzanne s'est rendue compte qu'elle avait oublié son téléphone portable à bord ! Loïc n'a eu que le temps de sauter dans son kayak pour nous rattraper, tandis que je me maintenais sur le bord de la rive.
Nous avons donc quitté définitivement notre couple de kayakistes, non sans leur avoir laissé nos coordonnées afin qu'ils puissent nous donner des nouvelles par la suite.

Poursuivant notre route, nous longeons Saint-Cloud, Suresnes et Puteaux tout en restant rive gauche, comme nous l'imposaient les panneaux de circulation. 




Dans ce secteur, il y a énormément de bateaux-logement. Il y en a de toutes sortes, de toutes formes et dans tous les états. Cela va du magnifique au plus moche :)




Et puis, nous commençons à distinguer la première écluse après Paris, juste devant les tours et immeubles du quartier de la Défense.



 



Là, après une prise de contact sur la VHF, nous entrons à 12h30 dans l'écluse de Suresnes. Nous y sommes seuls et, en une vingtaine de minutes, nous pouvons en ressortir et poursuivre notre route.

Sur ce bief qui longe Neuilly sur Seine, Clichy, et Saint Denis, nous sommes ralentis par un très fort vent de face ! D'un côté, il nous apporte un peu de fraicheur, car la température de la journée est à plus de 33°C, mais d'un autre côté, le narrowboat a tendance à partir en crabe dès que, dans un virage, nous présentons le flanc du bateau aux rafales de vent.
Je ne peux m'empêcher de penser à nos deux kayakistes : avec un tel vent de face, les 50 km quotidiens vont être difficiles à tenir...

Au PK25,5, nous poursuivons notre navigation sur le bras droit de la Seine, en longeant l'Ile Saint Denis. Le paysage, très industriel, manque cruellement de charme...

Au PK40, nous nous retrouvons de nouveau devant une île, celle de Chatou, qui coupe la Seine en deux. Bras de droite ou bras de gauche ? Comme la dernière fois que nous sommes passés dans cette zone, nous avions remonté le bras gauche, et que le logiciel de trajets fluviaux nous conseillait le bras droit, nous avons suivi cette recommandation. Il n'y a pas une grande différence entre ces deux bras. Ils comportent tous les deux une écluse (Chatou à droite, et Bougival à gauche).
Dans un premier temps, je pense avoir fait le bon choix car le bras droit semble moins urbanisé et plus verdoyant. Hélas, des bateaux de commerce ont également choisi cette voie et plusieurs nous doublent avant d'arriver à l'écluse.
Placée dans un virage au PK44,5, nous ne la voyons qu'au dernier moment et il y a bien du monde dans le virage en attente d'éclusage. Il faut donc attendre son tour, sans compter qu'il n'y a même pas un ponton d'attente pour attendre tranquillement. Au lieu de cela, je suis obligé de rester en stationnaire dans le virage. J'ai d'ailleurs quelques soucis pour maintenir le bateau en place car le vent latéral me rabat sans cesse sur la rive gauche, et comme je n'ai pas beaucoup de place pour manoeuvrer, les choses sont compliquées.
Au moment où les portes de l'écluse s'ouvrent, vers 16h40, un nouveau bateau de commerce arrive derrière moi. L'éclusier me demande de le laisser passer devant moi ; jusque là, rien d'anormal.
Nous sommes donc 4 bateaux à nous approcher des portes de l'écluse de Chatou. Le premier est un énorme pousseur et sa barge non moins imposante. Il prend tout le bord droit de l'écluse.
Les deux autres sont des 38 m me semble-t-il, ils entrent et se mettent côté rive gauche. De loin, je me demande s'il me reste de la place. Aussi, je contacte l'éclusier pour confirmer que je peux entrer à mon tour. Celui-ci me répond qu'il reste au moins 40m.
Du coup, je commence à entrer dans l'écluse pour me placer à gauche, derrière les deux commerces comme me l'a demandé l'éclusier.
Hélas, l'hélice du pousseur est restée en prise et il y a de gros bouillons derrière lui, dans l'écluse. lorsque je pointe le bout du narrowboat par la porte de l'écluse, le bateau est instantanément poussé vers le bajoyer. J'ai beau tenter de redresser, il part en crabe et heurte le musoir (l'angle de l'entrée), à hauteur du milieu latéral du bateau. Le choc est amorti par le pare-battage latéral, mais il est suffisamment violent pour l'arracher et nous faire perdre la protection et sa fixation !
C'est donc plutôt stressé que je parviens à entrer le bateau dans l'écluse et à lui faire prendre sa place à gauche, derrière les deux commerces.
Le pousseur à côté de moi a toujours ses moteurs en prise et le bouillonnement est impressionnant. L'Albatros, une devise que je n'oublierai pas. Personne n'est en vue sur son pont. J'aurai bien changé de canal VHF pour passer sur le canal bateau/bateau afin de lui dire ma façon de voir les choses, mais un nouveau problème se dévoile : la hauteur des bajoyers de l'écluse ne nous permet pas d'atteindre les bittes pour nous amarrer correctement. Nous sommes toujours avalant et, pourtant, il nous manque quasiment deux mètres pour atteindre le haut du bajoyer. 
C'est bien simple: à l'avant, mon matelot s'accroche tant bien que mal à une "clavette" située à sa hauteur, tandis que je n'ai à ma disposition qu'une échelle rouillée un peu après l'arrière du narrowboat... Comme on ne peut pas s'y amarrer, je m'y cramponne avec une gaffe tentant tant bien que mal de résister au bouillonnement du pousseur qui tente de m'éloigner du mur.
Tandis que le niveau d'eau commence à baisser dans l'écluse, le 38m qui était devant nous donne un coup de moteur, peut-être pour s'avancer un peu dans l'écluse. L'effet est immédiat : ma gaffe se déboite et mon matelot ne peut pas maintenir l'amarre. Je me précipite sur ma barre franche et mon levier des gaz pour tenter de reprendre le contrôle du bateau, mais sans succès. Il est ballotté de toutes parts, se décolle du bajoyer pour rejoindre le pousseur à droite sous l'effet du courant créé dans l'écluse.

Mais le pire est encore à venir ! 
Et oui, lorsque les portes s'ouvrent, les commerces commencent à partir. Le bouillonnement à l'arrière de l'écluse atteint des sommets et, comme le pousseur s'en va, le narrowboat fait quasiment demi-tour dans l'écluse !
M'acharnant sur la barre et le moteur pour tenter de lui faire reprendre sa place dans le tumulte des flots, je parviens à le redresser, non sans heurter violemment le mur du bajoyer à l'avant tribord. Le choc est violent, j'entends beaucoup de choses se renverser à bord, il y a de la casse, c'est certain !
Les commerces ayant quitté l'écluse, les flots se calment et je peux sortir le narrowboat sans autre catastrophe. Il est 17 h. Nous sommes restés vingt minutes dans l'écluse, et ça peut être très long vingt minutes...
Mon matelot me rejoint peu après à l'arrière, après avoir traversé et tenté de remettre de l'ordre dans la partie habitation du bateau. De la vaisselle s'est brisée dans les placards et beaucoup de choses ont été renversées. 
L'avant tribord du bateau a été protégé par l'épais bouchon de cordages traditionnel, heureusement, mais lui est bon à changer. De même, les fixations de la bache avant ont été arrachées et il y aura du travail là également.
Ce n'est que du matériel et cela aurait pu être beaucoup plus grave car, à mon sens, il y a eu une réelle mise en danger de nos vies... tout ça parce que des professionnels ne respectent pas les règles et gardent leur moteur en prise dans les écluses au mépris de leur environnement... Scandaleux !

Nous quittons donc cette écluse de Chatou sans regret et nous poursuivons notre navigation sur ce bief en ayant franchi la dernière écluse de notre itinéraire.
Il nous reste quelques heures de luminosité pour nous trouver un endroit où passer la nuit.
Les kilomètres défilent doucement sans que nous ne trouvions quelque chose. Oh! nous avons bien vu un ou deux endroits mais, finalement, rien de sécurisé et nous avons préféré poursuivre notre route...
18h puis 19h passent, nous passons Croissy sur Seine sur la rive droite, l'ile de la Loge et le Pecq sur la rive gauche. Le paysage est plus joli par ici, plus campagnard. Nous laissons Le Vésinet sur la droite et nous sommes au PK54.
Nous passons Maisons-Laffitte à gauche, puis Sartrouville à droite, sans rien trouver. Un petit espoir surgit en la forme d'une barge de sable ou de gravier amarrée prés de la cimenterie au PK60. Nous tombons d'accord sur un compromis : on poursuit notre route jusqu'à la Frette sur Seine, où la carte fluviale annonce une possibilité d'amarrage. S'il n'y a rien de viable, nous reviendrons nous amarrer à couple à cette barge pour la nuit.
La chance est enfin avec nous : il y a un petit ponton, effectivement, à la Frette sur Seine. Il est un peu court pour le narrowboat mais bien fixé, il est solide. Je descends à terre pour aller lire le panneau d'accueil de la halte fluviale : bien que complet et détaillé, il ne précise pas de taille maximale. Je décide donc de nous y amarrer pour la nuit qui commence à montrer le bout de son nez.





Il est 20h. Je coupe enfin le moteur, nous sommes épuisés par cette longue et tumultueuse journée. 

De son côté, le chat du bord s'est remis de ses frayeurs de l'écluse et il tente une sortie par le peack avant du narrowboat, histoire d'observer les bateaux qui passent encore.





Il n'est pas très tard mais le temps de nous rafraichir et de dîner, nous allons nous coucher !
Mais avant, nous avons eu un petit imprévu pour compléter cette journée déjà bien chargée : en rallumant mon téléphone portable, je me suis aperçu que j'avais un message de la capitainerie de port de Cergy qui m'informait que la place que je devais occuper demain n'est pas libre. Il nous faudra attendre dimanche pour arriver à notre nouveau port !

Comme nous ne sommes plus très éloignés de Cergy et que je n'ai pas l'intention de faire des ronds dans l'eau avec le bateau en attendant dimanche, nous décidons de rester amarré ici demain. Ce sera une journée de relâche !
Ce qui correspond d'ailleurs au temps maximum autorisé sur cette halte fluviale : 48h.
Seul hic : la météo prévoit une journée caniculaire demain avec pas moins de 35°C. Nous risquons d'avoir chaud !






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