L'installateur !
Eh ! oui, ce n'est pas le tout d'avoir le poêle et ses accessoires, encore faut-il les installer.
La fumisterie est une spécialité à part entière, c'est un métier et il est d'autant plus important qu'il engage directement l'existence et la bonne santé des clients: un poêle à bois dégage des fumées et du monoxyde de carbone qui peuvent être mortels.
Et puis, pour installer la cheminée, il faut percer les quelques millimètres d'acier du toit sans mettre le feu à l'isolation et aux panneaux en bois. Sans compter que c'est bien de faire un trou mais encore faut-il que l'installation effectuée soit parfaitement étanche car à la mauvaise saison, l'eau ruisselle sur le toit et une mauvaise étanchéité provoquerait des infiltrations d'eau néfaste aux boiseries du narrowboat.
Alors, je préfère m'adresser à un professionnel.
Encore faut-il en trouver un !
Mes premiers contacts avec les installateurs traditionnels de cheminée et de poêle n'ont pas été concluants. Les techniciens n'ont visiblement pas envie de se casser la tête avec une installation sur un bateau : il faut adapter les normes applicables habituellement aux maisons et faire signer une décharge au client pour que leur responsabilité ne soit pas engagée... Si on ajoute à cela le fait qu'ils ne souhaitent installer que leur matériel et que mes histoires de cheminée traditionnelle des narrowboats ne les intéressent pas, cela complique encore la donne !
Mes tentatives suivantes ont porté sur les chantiers navals d'Île de France. Bon, là, c'est encore plus simple : aucun n'a voulu se déplacer pour estimer la nature et le coût des travaux. D'ailleurs, pour être honnête, les 3/4 n'ont même pas répondu à mes sollicitations. Sans doute sont-ils débordés !
Reste le bouche à oreille !
J'ai bien trouvé quelques combines et des volontaires, artisans dirons-nous, qui envisageaient la possibilité de s'occuper de mon installation mais leurs références étaient plutôt légères. Le résultat me paraissait aléatoire et je n'ai pas voulu tenter l'aventure. Comme je l'écrivais plus haut, l'installation d'un poêle à bois n'est pas anodine en terme de risques et d'ailleurs, il me faudra bien le déclarer à mon assurance pour faire évoluer le contrat et ma couverture.
La solution m'est venue, une fois de plus, de mon forum préféré (Aquanomade) : dans un ancien message, Claudie avait publié une recommandation à propos d'une petite société basée dans le Val d'Oise : LPCL. Ses techniciens avaient fait des miracles lors de la rénovation d'un bateau qui avait été victime d'un feu à bord.
La prise de contact, via messagerie électronique, a été suivie d'un appel téléphonique pendant lequel Christophe, un des techniciens, m'a questionné sur la nature de mon projet. Après quelques explications, mon projet lui semblait bien dans les cordes de son entreprise et il me proposait de venir effectuer une visite pour voir ce qu'il y avait à faire et estimer le coût que les travaux pourraient atteindre.
Bien que je ne la mentionne que maintenant, cette visite a eu lieu très tôt dans l'évolution de ce projet. Dés le mois de juillet si je ne m'abuse. En effet, le coût de l'installation pouvait être rédhibitoire et j'ai essayé de le faire estimer au plus tôt avant de m'engager davantage dans les recherches et dans l'achat du poêle et de ses accessoires.
La visite s'est bien passée : Christophe a vite fait le tour du problème, d'autant qu'il avait procédé à ce genre d'installation peu de temps auparavant sur un bateau que nous connaissons : celui de Mike et de Randy.
Là, les conditions sont un peu différentes dans la mesure où il s'agissait d'un grand bateau pour Mike et que le notre est de taille plus réduite, ce qui induit des distances plus courtes entre le poêle, les tuyaux et le vaigrage en bois. Bref, un risque d'incendie accru.
Enfin, la venue de Christophe me permettait de mettre un prix approximatif sur l'installation et je pouvais donc me lancer dans ce projet.
Là, les conditions sont un peu différentes dans la mesure où il s'agissait d'un grand bateau pour Mike et que le notre est de taille plus réduite, ce qui induit des distances plus courtes entre le poêle, les tuyaux et le vaigrage en bois. Bref, un risque d'incendie accru.
Enfin, la venue de Christophe me permettait de mettre un prix approximatif sur l'installation et je pouvais donc me lancer dans ce projet.
Le temps a passé et après avoir posé la cloison isolante et le réflecteur en carrelage, j'ai repris contact avec Christophe pour qu'il me fixe un nouveau rendez-vous. Il est venu avec son compère, Denis, et ils ont repris en détail toutes les mesures et estimé les besoins pour pouvoir m'adresser un devis. Une fois celui-ci accepté, la journée du 1er décembre a été programmée pour l'installation du poêle.
Arrivé dès 9h30, le binôme de LPCL est arrivé au port et a débarqué son matériel. Pendant ce temps, j'ai débâché l'avant du narrowboat et j'ai vidé le peak avant pour que les techniciens puissent travailler.
La première étape a été d'aller chercher le poêle qui dormait depuis quelques semaines dans le fond du hangar. En un clin d'oeil, il était monté à bord et une fois les carreaux de moquette ôtés, il trônait à sa future place.
Le travail de Christophe et Denis a commencé par la prise des mesures à l'intérieur et sur le toit du bateau pour calculer l'endroit où le premier petit trou sera percé.
Cela n'a l'air de rien mais ça m'a fait drôle de voir percer un trou dans la coque du bateau ! Bien sûr, c'est au dessus de la ligne de flottaison mais tout de même ! :)
Ce premier trou a été percé de l'intérieur vers l'extérieur après avoir centré le poêle à son emplacement.
Le perçage du vaigrage, de l'isolation et du toit en acier n'a pas pris longtemps et j'attendais à l'extérieur de voir percer la mèche !
et c'est par ce petit trou qu'il faudra faire passer le "collar" ! :)
Vous remarquerez que ce dernier, en fonte, s'est un peu oxydé dans le hangar ! Il y a de l'humidité dans l'air mais un petit coup de peinture noire, résistante à la chaleur et cela ne se verra plus !
Le petit trou a servi de repère à nos deux techniciens qui ont pu découper le vaigrage intérieur avec une scie-cloche. J'ai pu découvrir l'isolation du narrowboat : une couche de flocage de 2 bon centimètres qui a parfaitement protégée l'acier.
Après le vaigrage, un gabarit a été tracé sur le toit, de la taille du "collar".
Puis de nouveaux trous ont été percés pour introduire la lame de la
scie sauteuse et permettre à cette dernière d'entamer l'acier du toit.
L'acier est à une épaisseur de 3 ou 4mm et avec une solide scie sauteuse, il se découpe sans trop de difficultés pour peu que l'acier ne comporte pas de renfort.
Une fois le trou découpé, l'essai de mise en place du collar est concluant et on en profite pour repérer les emplacements des grosses vis qui le fixeront à travers le toit. Deux nouveaux trous sont percés dans le toit puis agrandis pour permettre d'introduire les vis.
Afin de pouvoir visser les écrous, côté intérieur, les techniciens découpent également deux autres trous dans le vaigrage, de part et d'autre du grand trou. Cela fait comme une tête de Mickey :)
Il ne reste plus qu'à mettre un joint de silicone entre le collar et le toit puis placer les vis et les serrer...
Enfin non, ça n'a pas été aussi simple d'ailleurs...
Pourquoi ?
Parce que l'un des techniciens m'a conseillé de passer un petit coup de balayette sur le toit afin d'enlever tous les petits copeaux d'acier, résidus du perçage. S'ils restent sur le toit, avec l'humidité, ils risquent de rouiller et d'abimer la peinture.J'ai donc pris une balayette et j'ai eu à coeur de nettoyer énergiquement le toit. Avec un peu trop d'allant puisqu'une des vis qui était restée sur le bord du toit a fait un vol plané et a coulé à pic dans l'eau du port ! Grand moment de solitude !
Car bien évidement, livrées avec le collar, ces vis, il n'y en avaient que deux et forcément, leur taille est peu commune.
Il nous a fallu faire le tour des quincailleries et finir chez un grossiste qui vendait ce genre de vis en carton de 50 !
Enfin, l'histoire s'est bien finie mais les travaux ont forcément pris un peu de retard. Mais, Christophe et Denis ont pu continuer leur oeuvre sans autre tracas !
Ainsi, la mise en place du collar, des vis et d'une bonne épaisseur de joint n'a pas posé de soucis particulier. Il ne restera qu'à positionner la cheminée traditionnelle anglaise sur le collar lorsque le tuyau sera fixé à l'intérieur.
Après cet épisode sur le toit, nous sommes d'ailleurs passés à l'intérieur. Avant de mettre en place le tuyau, il fallait poser la plaque d'acier sous le poêle, afin de protéger le sol.
Nos techniciens avaient amené une grande plaque et après quelques mesures autour du poêle, il n'y avait "plus" qu'à découper la plaque à la bonne dimension. Ce qui fut fait grâce à une lance à plasma ! Une découpe rapide et net, avec un bel arrondi, peaufiné à la main par Denis.
Un tuyau !
Une fois la plaque d'acier mise en place, l'équipe s'est attaquée à la pose du tuyau.
Encore une chose facile à dire et moins facile à faire. En effet, la sortie du poêle a un diamètre de 97mm, le tuyau est en 100mm et la cheminée extérieure avec sa double paroi atteint 150mm.
Mais fixer un tuyau français à une cheminée anglaise peut être problématique, visiblement les inches et les centimètres ne font pas bon ménage et je parle pas des embouts mâles ou femelles des tuyaux qui nous ont rendu chèvres !
Enfin, une solution provisoire était trouvée pour que nous puissions essayer le poêle ces prochains jours en attendant de passer commande des bons tuyaux et de prévoir un nouveau créneau pour venir les poser.
Notons au passage l'esprit inventif de Christophe : je voulais une plaque pour habiller le haut du tuyau et cacher le trou dans le vaigrage. Une plaque, oui, mais une plaque qui irait avec l'intérieur du bateau : bois ou cuivre.
Et bien, Christophe est venu avec une cymbale de batterie ! Il a évidé le centre pour faire passer le tuyau de chauffage. Il a plaqué cette cymbale en haut du tuyau, contre le vaigrage, en la fixant avec un collier. Le rendu est très sympa :)
La fin de l'après-midi arrivait vite mais l'essentiel était fait.
Tiens, d'ailleurs, je m'aperçois que sur le moment, je n'ai pas fait de photos de la cheminée tout juste mise en place... Ben non, il faisait nuit noire ! :)
Et dire qu'à cause du séchage du silicone, il va falloir attendre un peu pour voir briller une flamme dans ce poêle!
Un grand merci à Christophe et Denis de LPCL dont la patience, l'habilité et l'ingéniosité ont permis l'installation de ce poêle français et de cette cheminée anglaise à bord d'un bateau de construction britannique ! :)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire