Canal de la Sensée
PK20
Réveil à 7h, petit déjeuner préparé par Chris et
englouti vite fait : un thé, une assiette de weetabik dans du lait froid.
Ensuite, ben, nous avons attendu que le jour se lève,
ce qui à cette époque ne s'est pas fait avant 8h.
Mais dès que le jour a montré le bout de son nez, nous
avons démarré. A ma grande surprise, lors de la préparation du bateau pour
partir, Paul a abaissé la toile de la timonerie si bien que nous avons navigué
en plein air, ce qui avec le froid glacial qui régnait m'a vite congelé !
Le canal du Nord
Enfin, nous avons quitté le canal de la Sensée au
niveau du PK15 pour entamer le canal du Nord qui commence du côté d'Arleux et
sa première écluse à Palluel.
Paul nous suivait en voiture tandis que je tenais la barre
et concentré, je n'ai pas eu beaucoup l'occasion de prendre de photos ! Chris
était à l'avant pour le franchissement des écluses.
Enfin, pour les premières écluses, Paul nous a rejoint
sur le bateau pour les passer avec moi.
Il a d'ailleurs eu du mal à me laisser les commandes
et trop souvent, il reprenait la barre lorsqu'il pensait que ça n'allait pas le
faire, résultat: ben, je n'ai pas appris très vite. Heureusement, la
configuration des écluses ne lui a pas toujours permis de nous rejoindre et j'ai
pu commencer à les passer seul.
Problème ?
Au niveau de l'écluse de Marquion, je connais ma première
frayeur avec une baisse significative de la puissance du moteur ! Et ce, bien
sûr au moment où je tentais de maintenir le bateau dans les remous de cette
écluse ! la sortie a d’ailleurs été difficile avec un bateau qui avait du
mal à avancer face au courant, bizarre…
Après une brève discussion avec Chris, nous décidons
de nous arrêter juste après l’écluse pour voir ce qui ne fonctionne pas. Chris
pense que c’est une courroie du moteur qui patine…
Quelques minutes après, nous sommes stationnés le long
du quai d’attente après l’écluse. Paul, prévenu par téléphone, nous rejoint.
Nous ouvrons alors les plaques du compartiment moteur pour constater qu’il y a
de l’huile partout dans le fond. Paul avance que le moteur a peut-être chauffé
avec les manœuvres dans l’écluse et qu’il y a eu une surpression dans le
réducteur. Il fait le complément d’huile et pense que l’on peut reprendre la
navigation, ce que l’on fait.
Effectivement, nous pouvons reprendre notre rythme de
croisière. Il fait froid mais c’est un froid sec et le soleil brille. Il est
agréable de naviguer, même à l’air libre. Le canal est un peu monotone :
c’est un peu le plat pays autour de nous et le vent souffle fort.
Les kilomètres défilent doucement et nous en faisons
une quinzaine en trois heures, sans autre problème.
Un souterrain
Vers 15h30, nous arrivons devant le souterrain de
Ruyaulcourt. C’est un tunnel long de quatre kilomètres ! Il y a une petite
cabine plantée à flanc de coteau qui surveille l’entrée. C’est elle qui doit réguler l’accès par
un feu qui est rouge lorsque nous arrivons. Comme le feu rouge s’éternise et
que personne ne répond à la VHF, nous stationnons le bateau le long du quai, au
PK27.
Chris nous fait un thé et nous avons également le temps de nettoyer un
peu l’extérieur du Dream On : les travaux sur le chantiers ont laissé
beaucoup de traces, notamment du sable noir qui a servi au sablage de la coque.
Avec un seau, je puise de l’eau dans le canal et je rince consciencieusement le
toit et les flancs du bateau.
Nous patientons quasiment une demi-heure avant que le
feu ne passe au vert.
Le temps de relancer le moteur et nous nous engageons
dans le tunnel. C’est une première pour moi ! Et quel tunnel : on ne
voit même pas la sortie lorsque l’on est à l’intérieur !
Il n’est pas tellement éclairé mais j’y vois assez
pour maintenir le bateau au milieu du tunnel qui ne me semble pas assez large
pour que nous puissions croiser un autre bateau. A peu prés à la moitié du
parcours, le souterrain s’agrandît et la signalisation m’impose de poursuivre
sur le côté gauche. Il y a même un feu rouge au centre de ce tunnel, il est
vrai que peu après, le tunnel repasse à une seule voie.
C’est à ce moment-là que j’ai l’impression que la
vitesse du bateau chute… du coup, je mets un peu plus de gaz mais rien n’y
fait, même si le régime moteur est élevé, il n’y a plus de puissance envoyée à
la propulsion. La vitesse décroit tandis qu’un gros automoteur arrive derrière
nous dans le souterrain et s’impatiente.
Le bateau avance comme un escargot et
le marinier derrière nous utilise son haut parleur pour me demander
énergiquement de « faire avancer ma merde ! ». J’ai beau utiliser la VHF pour lui dire que le bateau a un problème mécanique mais ça ne le calme
pas beaucoup, il ne me répond même pas à la radio. Les mètres s’éternisent mais
on voit maintenant la lumière de la sortie. La vitesse diminue de plus en plus
et Chris prend la barre pour godiller avec le gouvernail ce qui donne un peu
d’impulsion au bateau. C’est quasiment au ralenti que nous sortons du
souterrain et que nous allons nous échouer le long de la berge… L’automoteur en
rogne nous double à grands coups d’hélice, ce qui ne nous aide pas à nous stationner !
Voilà quatre kilomètres qui m’ont paru les plus longs
de ma vie !
Enfin, nous avons réussi à accoster la berge. Nous
sommes au niveau du PK30.
Je coupe le moteur et jette un œil dans le
compartiment moteur dont le fond baigne dans l’huile. Pas bon signe !
Chris téléphone à Paul qui tente de nous rejoindre
avec la voiture mais il a quelques difficultés car il ne trouve pas la sortie
du tunnel et son GPS ne lui est pas d’une grande utilité.
Nuit...
Il fait déjà nuit lorsqu’il nous rejoint et il est
temps que nous prenions la route pour aller chercher mon matelot qui doit
arriver à la gare de Lille en provenance de Paris et nos gallois doivent
récupérer leur chienne Ivy dans une clinique vétérinaire de Villeneuve d’Ascq.
La route de Lille, à cette heure, est bien embouteillée et c’est tardivement
que nous récupérons mon matelot et Ivy.
Le retour n’est pas moins embouteillé et c’est dans un
restaurant Grill d’Arras que nous dinons avant d’essayer de retrouver le bateau
et la sortie du souterrain dans un brouillard à couper au couteau.
Ce sera la première nuit de mon matelot à bord !
Et ce sera encore le canapé pour cette nuit. Une nuit un peu agitée car nos
voisins, un bateau de commerce, semblent avoir un événement à fêter et la
musique, les cris, dureront plusieurs heures avant que d’autres équipages,
excédés, fassent part de leur mécontentement à grand coup de klaxon. Dire que
je pensais que la vie sur les canaux serait calme !
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